L’acceptation est au cœur de la pleine conscience.
Accepter, ce n’est pas dire «tout est bien» (cela, c’est l’approbation) mais « tout est là, tout est déjà là». Nous n’avons pas besoin d’aimer une pensée, une
situation, une personne, ou une expérience pour les accepter. Pas besoin d’aimer, juste d’admettre que cette pensée, cette situation, cette personne, ou cette expérience sont là: elles existent, elles sont déjà dans ma vie, et il va me falloir composer et avancer avec elles.
L’acceptation, c’est le degré supérieur du lâcher prise. Car elle est, plus qu’un comportement, une décision existentielle et une philosophie de vie, une attitude durable et réfléchie devant le monde et le cours de nos jours. Dans le lâcher prise, il y a la notion de renoncement : on arrête de se débattre. Dans l’acceptation, il y a une intention de rester présent dans l’action, mais différemment : dans la lucidité et le calme. A chaque chose qui advient, on
commence par dire : « oui. C’est là, c’est déjà là. Alors, oui.» C’est l’accueil sincère et complet du réel tel qu’il se présente à nous.
Mais cet accueil par le oui ne signifie en rien une résignation ou un renoncement à agir et à penser. C’est juste une des deux phases de ce mouvement régulier de notre esprit, comme une respiration de l’âme : acceptation (de ce qui est) puis action (sur ce qui est), acceptation de ce qui est advenu) puis action (sur ce qui est advenu).
Et ainsi, encore et toujours, jusqu’à la fin… Au bout d’un moment d’ailleurs, comme à chaque fois que l’on maîtrise parfaitement une attitude psychologique, cela devient une seconde nature : « vous n’avez pas à accepter les choses: elles sont déjà là.» Il n’y a alors plus lieu de faire des efforts d’acceptation: elle est devenue une capacité intérieure discrète et silencieuse. Et nous nous sentons bien plus forts ainsi. […]
Accepter ce qui est rend plus calme et plus intelligent.
Et donc plus capable de changer ce qui doit l’être. Voilà pour la déclaration d’intention. Ensuite, il y a évidemment les travaux pratiques, sans lesquels tout cela n’est que vent et vaines paroles. Tous nos petits agacements quotidiens sont
de merveilleuses occasions de travailler l’acceptation. Tu es dérangé, contrarié, abattu? D’abord, respire et prends conscience de tout ce qui est là: la situation et son impact sur toi. Constate ensuite que c’est déjà là. Impossible
d’effacer? Alors accepte. Enfin, vois ce qu’il y a lieu de faire ou de penser. C’est simple à comprendre et pourtant cela fait plus de deux mille ans qu’on nous le répète. Sans doute parce qu’il ne suffit pas de le comprendre, mais qu’il faut s’y entraîner chaque jour. Ce qui est moins prestigieux et moins savoureux que les grands discours et vastes maximes, mais plus efficace.
Extrait de : « Méditer jour après jour : 25 leçons pour vivre en pleine conscience » – Christophe André