Nous vivons des temps d’Apocalypse !

Connaissez-vous l’histoire de cet homme qui, une nuit, rêva que Dieu lui demandait de sauver le monde ? :

– « Très bien Seigneur » répondit-il.

 Et le matin il décida de se mettre au travail.

Il dût alors se poser la question : « Par où vais-je commencer à sauver le monde ? Par mon propre pays bien-sûr. 

Mais par où vais-je commencer dans mon propre pays ? Dans ma propre ville bien-sûr.

 Mais par où vais-je commencer ? Dans ma propre maison bien-sûr.

Et dans ma propre maison par où vais-je commencer ?

Par moi-même !»

Ainsi, nous, qui nombreux aujourd’hui voudrions changer le monde, sommes invités selon ce conte à commencer à nous changer et à nous sauver nous-mêmes. Mais changer et sauver quoi ?…

Je vous propose une piste d’approche à cette question en guise de réponse.

Nous vivons des temps d’Apocalypse

D’aucun prétendent en effet que nous vivons actuellement des temps d’apocalypse, faisant référence au dernier livre des évangiles attribué à St Jean. Le terme d’apocalypse à pris de nos jours un sens catastrophique qu’il n’avait pourtant  pas à l’origine selon son étymologie.

Apocalypsis veut dire révélationdévoilement. C’est la mise au jour, à la lumière de ce qui était caché et dans l’ombre. Et c’est en effet ce à quoi nous assistons pour qui sait voir au-delà du voile. Il faut pour cela guérir au sens spirituel du terme (voir l’allégorie du rôle de Raphaël dans le livre de Tobie), c’est-à-dire guérir de notre cécité et recouvrer la vision juste, celle qui rend à notre regard la vision du réel tel qu’il est – des choses telles qu’elles sont – la vision de ce qui est vrai, de la vérité – ce que Swami Prajnanpad1 nommait : « L’art de voir »…

Lumière et vérité étant aussi indissociables que l’ombre et le mensonge, choisir de sortir de l’ombre c’est aussi s’apprêter à affronter les affres et la puissance de la vérité. Y sommes-nous prêts ?

Car il n’est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne sera mis au jour.

Marc 4:22

Pour mieux comprendre ce dévoilement  je souhaitais partager avec vous le commentaire suivant de Jean-Yves Leloup2 qui me parait  éclairer notre question :

Apocalypsis

« Le jour de l’apocalypse c’est le jour du dévoilement et de ce qui est. Dans ce sens, nous avons tous des moments d’apocalypse, agréables ou désagréables, et ce terme n’est pas réservé à la fin du monde tel qu’on peut se l’imaginer. Il s’agit pourtant bien de la fin d’un monde, celui de nos représentations et de nos constructions mentales. Nous voyons alors les choses telles qu’elles sont, non comme nous nous les imaginons ou les pensons ; le petit monde que nous nous sommes créé s’écroule et nous entrons dans le monde réel.

Les hommes endormis vivent chacun dans leur monde. Les hommes éveillés vivent ensemble dans le même monde.

Le jour de l’apocalypse c’est aussi le jour où Dieu se révèle à nous tel qu’il est. « Alors nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » nous dit la première épître de St Jean. Pas tel que nous l’avons imaginé ou pensé, mais tel qu’il est.

Jour terrible ou jour de joie, nous verrons l’amour et nous verrons combien nous avons peu aimé. Nous verrons que nous étions des vivants issus du vivant et nous verrons combien nous avons peu joui de notre filiation divine. Nous verrons que nous étions Lumière issue de la Lumière et nous verrons tout ce temps perdu à jouer avec les ombres.

Parousia

Le jour de l’apocalypse, du dévoilement, c’est aussi le jour de la parousie. Parousia en grec veut dire présence, mais ce terme ne doit pas être réservé au retour du Christ à la fin des temps car déjà nous pouvons connaître des moments de parousie, des moments ou sa présence se fait totale en nous.

« Il rempli tout, ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi »

St Paul.

Un être Saint c’est quelqu’un qui est remplit de l’Esprit, qui est totalement habité par la présence de l’Amour. Il incarne la fin du monde et la fin de l’Homme, c’est-à-dire sa finalité, la plénitude de présence à laquelle nous sommes appelés.

Gnosis

La Gnose, la connaissance de soi, c’est ce qui va permettre la réalisation de l’apocalypse et de la parousia. La connaissance de soi est en effet un processus de dévoilement, ou d’apocalypse en apocalypse, nous nous découvrons nous-mêmes tels que nous sommes. Dans cette nudité, la présence, la parousia de l’Être peut alors se manifester. Quand notre coupe est vidée de toutes ses immondices, elle peut alors être remplie de vin nouveau.

Apocalypsis, parousia et gnosis, cette triple démarche de transformation personnelle, c’est ce qui va permettre la transformation du monde, hâter le retour et la manifestation du Christ, l’avènement de son Royaume.

C’est là une attitude réaliste. Pour transformer le monde, il faut commencer par le seul lieu où notre action peut être efficace, c’est-à-dire nous-mêmes.

L’articulation entre apocalypsis, parousia et gnosis est également bien montrée dans la première épître de St Jean :

Bien-aimés, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu. Et ce que nous serons n’est pas encore manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se rend pur, comme Celui-là qui est pur.

 »


Invitation à la présence

Je ne peux dès lors que nous souhaiter à toutes et tous de nous découvrir, de nous dévoiler à nous-même et d’aller à la rencontre de notre essentiel, de trouver là où se trouve en nous la Lumière, l’Amour et la Paix pour que notre monde tende vers le meilleur…


1 – Swami Prajnanpad – L’art de voir

2 – Jean-Yves Leloup – L’Évangile de Thomas – Livre audio

3 – L’Évangile de Thomas – Bibliothèque de Nag Hammadi – Texte intégral


 
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